Mise en place du système de régulation :

Comment cela s’est passé concrètement sur le terrain ?

 

Julie Solutions a recueilli le témoignage du Dr Xavier BRAECKEVELT, Président du Conseil Départemental de l’Eure et Loir.

Chirurgien-Dentiste en cabinet libéral, Vice-Président de l’UFSBD et …. Président du Conseil Départemental d’Eure et Loir ! En tant que tel le Dr BRAECKEVELT est chargé de la mise en place du système de permanence pour assurer les soins bucco-dentaires d’urgence en Eure et Loir. Il nous livre des informations supplémentaires à ce sujet.

 

Pouvez-vous nous rappeler quel est le protocole de gestion des urgences que doivent adopter les chirurgiens-dentistes aujourd’hui ?

Dr Braeckevelt :

Premièrement, tous les cabinets doivent être fermés et ne pas recevoir de public. Aucune garde ne doit être assurée hors cadre de la régulation mise en place dans chaque département.

Deuxièmement, tous les praticiens sont appelés à réaliser une permanence téléphonique soit par téléphone (au cabinet, soit grâce un transfert d’appel) soit par mail. Il s’agit d’effectuer une pré-régulation grâce à la connaissance de leur patient et aux indications fournies.

L’objectif est de désengorger le numéro d’appel du service de garde mis en place.

Si l’urgence est avérée, le chirurgien-dentiste fournit le numéro de garde du département.

Avez-vous des consignes à donner aux Chirurgiens-Dentistes pour assurer la permanence téléphonique de leur patientèle ?

Dr Braeckevelt :

Aucune obligation officielle n’est donnée, libre à chaque praticien de définir ses plages horaires de permanence téléphonique mais Il faut essayer de la planifier régulièrement et au mieux pour plus de clarté pour les patients. Il est recommandé de fournir ces informations sur son répondeur téléphonique surtout si la permanence est partielle.

 

Quels cas sont considérés comme une urgence ? Comment évaluer l’urgence ? Des critères spécifiques ?

Dr Braeckevelt :

Les cas qui seront vus en cabinet d’urgence vont être :

  • les traumatismes dentaires (dent fracturée avec l’atteinte d’une chambre pulpaire, extrusion…)
  • une cellulite avec une atteinte au niveau du cou ou sous l’œil,
  • les douleurs intenses malgré la prise d’antalgiques (à partir de 6 sur une échelle de 1 à 10),
  • un abcès ou des douleurs sur patient déjà sous antibiotiques. Autrement, le traitement peut être administré via une ordonnance délivrée par le chirurgien-dentiste traitant.

 

Quelles sont les réponses médicales pouvant être apportées par le chirurgien-dentiste traitant ?

Dr Braeckevelt :

Des conseils, des mots rassurants, une écoute, une prescription si besoin.

Si une téléconsultation peut être mise en place pour venir en aide à son patient et lui fournir un diagnostic, elle est tout à fait possible. En revanche, elle n’est pas facturable car elle ne fait pas partie de notre nomenclature. C’est une solution solidaire dans cette situation inédite.

Il est recommandé de garder tout de même une trace de ces consultations si elles ont lieu.

 

Comment est organisée la régulation dans votre département ? Est-elle déjà active ?

Dr Braeckevelt :

Dans l’Eure et Loir, le système de prise en charge des soins d’urgence est en place depuis dimanche matin.

Le planning des gardes est bouclé. Nous avons reçu les masques FFP2 envoyés par le Conseil de l’Ordre National et nos commandes d’équipements (EPI).

Les protocoles concernant l’organisation générale et l’accompagnement des chirurgiens-dentistes de garde pour traiter les urgences en toute sécurité sont mis en place.

Nous avons créé un numéro dédié à la gestion des appels d’urgence. Nous avons préféré ne pas fournir le numéro du Conseil de l’Ordre pour ne pas encombrer la ligne et faciliter la communication avec les praticiens.

Nous avons un praticien régulateur au niveau 2 (après la régulation du chirurgien-dentiste traitant) qui est épaulé par une aide « administrative » (son époux ou épouse, un consœur ou un confrère, une assistante dentaire). Cette aide intervient pour éditer et envoyer l’ordonnance et informer le dentiste de garde de la visite d’un patient et du type d’acte à réaliser. L’objectif est de permettre au praticien régulateur de traiter uniquement les appels.

 

Comment avez-vous défini le nombre de cabinets / praticiens de garde ?

Dr Braeckevelt :

Chaque jour, nous avons 2 praticiens de garde : 1 au nord du département et 1 au sud pour couvrir l’ensemble du territoire. A cela, s’ajoutent des gardes d’autres praticiens de l’est et de l’ouest qui viennent renforcer le maillage géographique. Au final, nous sommes donc à quasiment 3 praticiens de garde tous les matins.

Nous avons choisi d’assurer les urgences en cabinet dentaire de 9h à 13h tous les jours.

Nous avons prévu de faire le point en fin de semaine pour réadapter si besoin le volume de ces gardes.

 

Quelle est la marge de manœuvre pour les Président des Conseils Départementaux, quels sont les points sur lesquels le Conseil de l’Ordre vous laisse statuer ?

Dr Braeckevelt :

– Les plages horaires pour assurer les urgences (le mot d’ordre est d’organiser une garde tous les jours)

– Le nombre et la localisation des cabinets de garde.

Le Conseil de l’Ordre a effectué une dotation en masques FFP2 pour chaque département selon un nombre de gardes estimé par jour en fonction du nombre de praticiens inscrits.

 

Est-ce que le personnel du cabinet doit être présent et accompagner le chirurgien-dentiste dans la réalisation des actes
d’urgence ?

Dr Braeckevelt :

Idéalement, le chirurgien-dentiste doit être accompagné mais pas dans la salle de soin. L’aide doit être sur le plan administratif (accueil du patient, renseignement du dossier patient, règlement etc.).

Cette consigne a été donnée pour protéger au maximum le personnel. Les masques de type FFP2 et autres équipements spécifiques nous ont été délivrés sur la base d’un soignant en salle de soin.

Il est prévu pour l’aide administrative, un masque chirurgical, des lunettes de protection, un calot et une tenue de travail.

Nous avons conseillé nos praticiens de garde de ne pas demander à leur assistante dentaire d’assurer cette aide mais de le faire auprès d’un confrère, dans la mesure possible. Toutefois, ce n’est pas interdit. Seul le travail à 4 mains est proscrit pour les raisons évoquées précédemment.

 

Qu’en est-il de la mise en place du numéro national d’urgence ?

Dr Braeckevelt :

Si ce n’est pas encore fait, il devrait être mis en place très rapidement. Le Conseil de l’Ordre nous a appelés encore hier (mardi) pour confirmer notre numéro de garde.

Il servira aux patients sans dentiste traitant ou qui n’arrive pas à joindre leur chirurgien-dentiste habituel.

Attention, ce n’est pas un numéro de régulation, les patients tomberont sur un répondeur automatique qui, en fonction de son département de résidence, lui fournira le numéro de garde adéquat.

Pour ne pas encombrer, ce numéro d’appel, la permanence téléphonique assurée des chirurgiens-dentistes reste primordiale.

 

Un mot de conclusion ?

Dr Braeckevelt :

Dans mon département, je suis conscient que le système de régulation et de service de garde est perfectible. Nous rencontrons des difficultés, notamment au niveau de la ligne de régulation du département. Une ligne unique est parfois insuffisante et les patients sont obligés de rappeler plusieurs fois avant de réussir à joindre le praticien régulateur.

Toutefois, nous essayons de trouver des solutions techniques pour y pallier (création d’une boite mail dédiée ou encore un dispositif de standard téléphonique). Ces solutions nécessitent une organisation en back office que nous devons analyser.

Mais nous restons en actions et l’objectif est d’améliorer notre système chaque jour un peu plus.